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Les Mots Nomades
9 mai 2014

La femme dans tous ses états, textes et références

En mars dernier, Les Mots Nomades ont à nouveau investi le café Côté cour, à Tarbes, mais à un horaire de programmation différent de d'habitude, puisque nous avons commencé à 16h30, par un café littéraire libre, suivi d'une lecture scénarisée. Pour voir toutes les photos de cette animation, allez à la rubrique album-photos sur ce blog.

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Lectures partagées lors du café " libre": 

- Journal de Frida Kahlo ( extrait lu par Alejandro)

- Alice Ferney : Elégance des veuves (2 extraits lus par Alain)

- Noëlle Châtelet : La femme coquelicot ( Chapitre de la lettre d'amour lu par Natacha)

- Marilyn Monroe : Fragment ( Micheline)

- Violette Leduc : Thérèse et Isabelle ( Extrait lu par Alejandro)

- Maurice Carême : La cuisine (Poème dit par Mariette)

- La beauté d'une femme (Texte dit par Mado)

- Poème extrait des " Chants de la Tassaout" ( Claudine)

IQUARIDENE
"Je regrette, en vérité , je regrette, Messaouda,
de t'avoir épousée,Messaouda, de t'avoir épousée,
Messaouda toi qui a fait mentir ton nom ...
nos deux années de mariage , deux années,
Ne m'ont apporté que déboires , chaque jour.
Pas d'argent , peu d'argent,déceptions,Messaouda...
Deux années sans noix, la clavelée dans la bergerie ,
la teigne chez les poules et la loque dans le rucher,
et ton ventre aussi plat qu'à notre première nuit...
Depuis ta venue en ma maison riche de biens,
Je n'ai fait que perdre de l'argent, de l'argent.
Une maison sans femme , on s'en accommode ,
Tandis qu'une maison sans argent , sans argent ,
Et sans pleurs ni rire de petit enfant!
je regrette , en vérité, je regrette , Messaouda...
Aurais tu , Messaouda ,  mauvaise chance,
Ou t'aurait on jeté un sort , des sorts?
_Je regrette , en vérité , je regrette , ô mon époux,
De t'avoir épousé ,ô mon époux , de t'avoir épousé,
Moi , Messaouda, qui fais mentir mon nom .
si l'on m' a , ô mon époux , jeté un sort?
Si Dieu n'a pas encore voulu que j'enfante ,
Je peux  , malgré tes griefs, te procurer de l'argent
Qui vaut mieux que ta femme , ô mon époux....
Conduis moi au souk du dimanche, à Demnat ,
Ou un mercredi , à celui des Ouaoula,
Ou un jeudi  , au grand marché d'Azilal.
Prends un crieur public , un seul suffit :
"On vend la belle Messaouda , voyez la ,
Parée, soignée de sa personne, et ses yeux
Et ses lèvres, sa croupe qui appelle l'homme...
Il faut un bon pilon pour ce joli mortier !
Ou est le mâle fort qui en viendra à bout ?
Ou est l'homme assez riche pour emmener Messaouda ?
Mets moi aux enchères ,ô mon époux , aux enchères !
ils seront cent et cent  à remplir ta sacoche ,
A la remplir d'argent, un tas , un tas d'argent .
Prends l'argent , tant d'argent , prends le vite.
Serre le fort sur ta poitrine , ton argent ,
Et d'ici peu de jours tu verras si l'argent ,
Si l'argent t'attendra sur le seuil,
Si l'argent, l'argent te dira des mots aimables ,
Si l'argent te sourira , te sourira ,
Si l'argent , l'argent t'embrassera, t'embrassera ,
Si l'argent , l'argent fera la joie de tes nuits..."

 MRIRIDA N 'AIT ATTIK , traduit du dialecte Tachelait

Recueil "les chants de la Tassaout " Maroc éditions Casablanca

 

Références des lectures scénarisées : 

Ce sont des lectures préparées, choisies et organisées, dites à plusieurs voix, chantées, mises en scène.

Ces lectures scénarisées "La femme dans tous ces états" ont été données en mars à Tarbes et vont être redonnées, légèrement remaniées, à l'occasion de l'Assemblée Générale de l'association Amnesty International à Lourdes en avril. Elles pourront être redites à d'autres occasions. Nous vous tiendrons informés.

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- Le jour où Nina Simone a cessé de chanter : Darina Al Joundi et Mohamed Kacini ( Claude, le père; Michèle, la narratrice; Véréna, la fille)

- Le journal de Grosse Patate : Dominique Richard ( Nicole)

- Eve Ensler : Ma mini-jupe (tous)

-Benoîte et Flora Groult : Journal à 4 mains (Nicole, Michèle, Isabelle)

- Raymond Prunier : Monologue d'une femme battue ( Martine)

- Alina Reyes : La dameuse (Isabelle)

- Jacques Prévert : Embrasse moi, poème extrait de Histoires et autres histoires (Claude)

- Raymond Prunier : Je rêve (Martine)

- Michèle Fitoussi : On se rettrouve encore piégées (les femâles) (Michèle)

- Régine Détambel : Petit éloge de la peau "le flux et le flou" (Claude, Nicole, Martine, Michèle, Isa)

- Eve Ensler : Les monologues du vagin (Martine)

- Françoise Giroud : Arthur ou le bonheur de vivre (Véréna)

- Anonyme : Nathalie et les autres (Isabelle)

- Linda Lemay : Une mère (Martine et Nicole)

- Caroline : La ronde (Natacha)

- Esther Granek : Portraits et chansons sans retouche "les ménagères" ( tous)

- Christian Bobin : La folle allure (Isabelle)

- Andrée Chédid : Une salve d'avenir (Claude)

- Anne Roumanoff : Le slam du régime (Natacha)

- Serge Gainsbourg : La recette de l'amour fou (Martine)

 

La ronde –  Caroline – dit par Natacha

 

La distance la plus longue à parcourir pour une ronde est, sur une plage, celle qui relie la mer à sa serviette de bain. L'aller – de la serviette à la mer – est pénible mais possible. Le maillot est ajusté, fruit d'un long travail de préparation.

Les cheveux sont encore secs, ils flottent dans le vent marin. La ronde espère que les regards se focaliseront sur eux. Les filles enveloppées adorent leurs cheveux, seule partie du corps qui jamais ne grossit.

Et puis l'attrait de la mer est le plus fort. Une fois dans l'eau , le miracle s'opère, le  poids disparaît, avec lui s'envolent pour un temps les complexes. Malheureusement, l'heure arrive où il faut sortir. Et à force d'avoir attendu, forcément, les autres ont regagné leurs paréos et semblent attendre le grand moment, le supplice de la ronde.

Dès l'instant où la moitié du corps n'est plus immergée, le poids reprend ses droits. Les seins perdent leur confiance en eux et regardent à nouveau les pieds. Si le maillot est un peu trop grand, alors lui aussi décide de se plier à cette fameuse loi de la pesanteur. Il pendouille de partout, entraînant avec lui les bourrelets. S'il est trop petit, ça n'est pas mieux, une fois mouillé, l'effet galbant cède la place à l'effet boudinant.

Ne pouvant plus reculer, la ronde entame sa longue traversée du désert jusqu'à la serviette. Ses mains vont du ventre aux seins, essayant de cacher ce qui déborde. Les cheveux, ses indéfectibles alliés, sont collés à son cou et ne peuvent plus rien pour elle. La démarche est lourde et mal assurée, et même si l'envie de courir est forte, la ronde résiste. Courir signifie mettre en mouvement des parties de sont corps qu'elle préfère voir immobiles.

Une fois l'objectif atteint, il faut alors se saisir le plus élégamment possible de la serviette, ce qui en soi est un défi. Si elle plie les genoux, le ventre se plisse. Si elle se casse en deux, ce sont les fesses qui s'émancipent et le décolleté qui plonge. Quelle que soit la méthode utilisée, l'instant est critique.

Mais la ronde finit par disparaître dans son drap de bain. La sensation de soulagement est difficile à décrire. Ce tissu est un rempart contre tous ces regards qui brûlent chaque parcelle de peau nue. Elle jurerait presque que les autres lui sont reconnaissants de leur épargner la vue de ce corps qu'elle pense immonde.

Une fois la panique dissipée, la ronde retrouve un peu de sa lucidité. Elle réalise alors la plupart du temps que personne, mais alors personne ne l'observait. Et si le regard le plus cruel était le sien ?

Retrouvez les textes de Caroline sur son blog : http://www.penseesbycaro.fr/

Mots Nomades à Lourdes 028

Mots Nomades à Lourdes 030

Mots Nomades à Lourdes 032

 

 

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